Voilà le printemps ! Dans un champs de blé, une alouette a bâti son nid et attend patiemment l’éclosion de ses trois œufs.
Toc, toc, toc ! une première coquille éclate et un tout petit oiseau chauve et à demi aveugle en sort en pépiant.
Toc, toc, toc ! les autres coquilles éclatent à leur tour et deux autres oisillons rejoignent le premier.
Madame Alouette est devenue l’heureuse maman de trois adorables oiselet et selon l’ordre consacré, la mère et les enfants se portent bien. Trois, ce n’est pas rien. Elle n’a plus une seconde à elle. Sa progéniture réclame à manger. Elle n’a de cesse d’aller et de venir pour leur apporter la nourriture. Ce ne sont plus des oiseaux, ce sont des ogres !
Maintenant, l’été est là. Malgré toute l’attention et les bons soins qu’elle leur a prodigués, les oisillons n’ont pas encore leurs ailes assez fortes pour pouvoir s’envoler. Lorsqu’elle regarde la couleur du blé, Madame Alouette sait qu’il est grand temps pour sa nichée de quitter le champs. Le temps des moissons ne doit plus être très loin et bientôt le fermier viendra et les délogera.
Un matin, avant de s’en aller en quête de nourriture, Madame Alouette réveille ses petits et leur dit :
– « Mes enfants, aujourd’hui, le paysan va certainement venir. Ecoutez bien ce qu’il dira et vous me répéterai mots pour mots ses paroles ! »
Le soir, à son retour, elle trouve ses trois petits qui l’attendent les traits tirés par l’inquiétude.
Tous parlent ensemble dans un beau brouhaha :
– « Maman, maman, le paysan a dit qu’il viendrait demain pour faucher les blés avec toute sa famille ! »
– « Fort bien, répond Madame Alouette, dans ces conditions, nous n’avons pas de souci à nous faire. Nous pouvons rester un jour de plus. »
Madame Alouette avait raison et lorsqu’elle rentre au nid, le jour suivant, elle y trouve ses enfants qui tous en même temps lui racontent que le fermier est venu, qu’il a attendu toute la journée l’arrivée de sa famille et qu’il était très en colère.
-« A-t-il dit quelque chose ? » demande l’alouette.
– « Oh oui ! répond le plus petit des trois, il a dit qu’au moins ses amis ne le laisseront pas tomber et qu’ils viendront demain pour l’aider à rentrer sa récolte. »
– « Fort bien, répond Madame Alouette, dans ces conditions, nous n’avons pas de souci à nous faire. Nous pouvons rester un jour de plus.
Le jour suivant, lorsqu’elle rentre au nid, elle trouve ses trois petits fort agités.
– « Maman, maman, les amis du paysan ne sont pas venus » dit le premier
– « Mais il a dit qu’il rentrerait sa récolte demain » enchaîne le second
– « Qu’il aura un coup de main de ses voisins puisqu’il les a aidés » termine le troisième.
– « Fort bien, répond Madame Alouette, dans ces conditions, nous n’avons pas de souci à nous faire. Nous pouvons rester un jour de plus.
Une fois de plus, l’alouette ne n’est pas trompée. Et, lorsque, le jour suivant, elle rentre au nid, elle apprend de ses trois enfants que fatigué d’attendre, le fermier a décidé de faucher son blé tout seul dès le lendemain.
– « Cette, fois, le paysan a compris qu’il vaut mieux faucher son blé tout seul que d’attendre le bon vouloir des autres. Il nous faut partir. Le fermier n’attendra pas un jour de plus ! »
Et dès le matin suivant, les petites alouettes devenues suffisamment fortes, prennent leur envol avec leur mère, toujours très fière de ses petits…