Henry le petit vétérinaire

Comme chaque matin, Henry se rend à l’école, son petit cartable sur le dos et son sac de pique-nique à la main. Il habite un peu à l’écart du village dans une grande maison où il vit avec ses parents, sa grand-mère et ses deux sœurs Martine et Lisette. Elles sont déjà à la grande école et partent le matin en car scolaire pour la ville.
Henry, lui, va à l’école à pied à travers les rues du village. Tous ceux qu’il rencontre ne manquent pas de le saluer. C’est un gentil petit garçon, toujours prêt à rendre service. Tout le monde l’aime bien. Il a toujours le sourire et chantonne souvent des chansons du bon vieux temps que lui a appris sa grand-mère.

 

Ce matin là, Henry se sent particulièrement heureux. Il va en excursion au jardin zoologique. Les bêtes, c’est toute sa vie. D’ailleurs, quand il sera grand, il veut devenir vétérinaire.

– Deviens plutôt ingénieur comme l’oncle Gaston ou entre dans une banque, dit papa. D’ailleurs, tu es trop petit, tu es encore trop jeune pour décider ; tu n’as que huit ans. Tu as bien le temps.

Cette nuit là, Henry n’a pas bien dormi. Il imaginait déjà toutes les bêtes qu’il allait voir en vrai pour la première fois : des lions, des ours, des éléphants, des loups, des espèces d’oiseaux et de poissons inconnues.

Bien avant l’heure du départ, il est déjà levé.Il prépare ses affaires pour ne veut rien oublier et surtout pas l’argent que la cousine Célestine lui a donné pour qu’il s’achète une friandise. Quel dommage, papa n’a pas voulu lui prêter son appareil photographique… Madame Simone, son institutrice, lui a dit qu’il était possible d’acheter des cartes postales et c’est bien ce qu’il compte faire avec son argent.

Sept heures, il est temps de partir s’il veut avoir une belle place dans l’autocar. Henry se met en route, une chanson au coin des lèvres. Il embrasse ses parents et ses sœurs et s’en va. Grand-mère n’est pas encore levée. Il la verra ce soir, à son retour.

 

Arrivé à hauteur de la maison de Monsieur Martin, le maire du village, il entend un vacarme infernal et des cris. Il s’arrête, tend l’oreille. Les cris se font plus forts. Son cœur se met à battre très vite. Il se passe quelque chose… Il aimerait bien savoir quoi.

Il fait un pas, s’arrête…

L’autocar risque de partir sans moi, pense-t-il.

Il rentre dans la cour, s’arrête encore et contourne finalement la maison. Il arrive dans le jardin près de la piscine où se trouvent Madame Martin et sa fille Julie en chemise de nuit. Ce sont elles qui poussent des cris. Leur chat est tombé dans l’eau et Madame Martin lui tend une perche mais elle l’assomme plutôt qu’elle ne l’aide.

– Laissez, Madame Martin, je vais aller le rechercher, dit Henry qui n’écoutant que son courage s’élance dans l’eau glacée.

Il n’est pas bien long à sortir tout ruisselant et tenant à la main Charlotte, la chatte des Martin. Elle est en piteux état. On dirait même qu’elle est morte. Henry la couche sur la table de jardin et approche son oreille à l’endroit de son cœur. Il bat faiblement mais il bat. Il se met à caresser l’animal qui après un hoquet ouvre les yeux. Madame Martin ne se sent plus de joie. Julie soulève avec précaution Charlotte et la met dans un drap de plage. Elle l’essuie avec beaucoup de tendresse en lui murmurant des mots rassurants.

Charlotte en est quitte pour une grosse frayeur.

– Merci Henry, sans toi que serait devenue Charlotte ? Tes parents peuvent être fiers d’avoir un fils comme toi. Et Madame Martin parle, parle… sans jamais s’arrêter.

Henry est transi de froid, il grelotte. Il pense à l’autocar qui est parti sans lui et aux animaux qu’il ne verra pas et il se met à pleurer.

– Mais Henry, tu pleures ! Ca doit être le choc. Ne t’en fais pas, je vais te donner des vêtements secs. Essuie-toi et puis nous téléphonerons à tes parents. A ces mots, les pleurs de Henry redoublent et entre deux sanglots il arrive à articuler :

– Je …devais … partir …. en voyage … J’allais au … jardin zoologique… et il se remet à pleurer de plus belle.

– Mais ce n’est pas grave, j’irai te conduire en voiture. Ce n’est pas si loin. Après ce que tu as fait, tu mérites bien une récompense. Qu’est-ce qui te ferait plaisir ? Parle et nous verrons si je peux réaliser ton vœux.

– Je ne sais pas trop… Vous savez… J’aimerais … J’aimerais avoir un appareil photographique… mais je sais que c’est cher !

 

– Pas de problème. Viens te changer et nous irons à la ville acheter ton appareil avant de te conduire au jardin zoologique où tu pourras retrouver tes petits camarades. Je déposerai Julie en passant devant son école.

Justement, la voilà qui revient avec des vêtements secs. Mais ils sont beaucoup trop grands et en plus, ce sont des vêtements de fille. Charlotte est couchée dans son panier. Elle n’aura pas trop d’une journée pour se remettre de ses émotions.

Madame Martin et Julie ramènent Henry chez lui pour qu’il puisse se changer. Elles racontent l’aventure en détails à la maman et à la grand-mère d’Henry. Son papa est parti au travail.

Ils partent tous les trois pour la ville où Madame Martin lui achète un superbe appareil photographique. Elle le conduit ensuite au jardin zoologique où il retrouve sa classe près des crocodiles.

Avant de s’en aller Madame Martin lui demande :

– Que veux-tu faire quand tu seras grand Henry ?

– Vétérinaire, Madame Martin !

Elle le regarde d’un air amusé et pense qu’il a bien choisi et qu’il fera un excellent vétérinaire.

 

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