Qui aime les cerf-volant

Aujourd’hui est un grand jour pour la famille Pique. Marie, Pierre et Stéphane Pique vont au concours des cerfs-volants avec leur maman. Depuis le matin, ils sont très excités et ne tiennent plus en place. Ils n’arrêtent pas de se chamailler, courent dans toute la maison, font énormément de bruit. Un dispute un peu plus bruyante que les autres survient :
– C’est moi qui vais tenir le cerf-volant, dit Stéphane.
– Non, c’est moi, réplique Pierre. Je l’ai monté et en plus je suis l’aîné.
– Pas du tout, dit Marie. C’est moi qui ai coupé les morceaux. C’est moi qui le tiendrai.
– Oh non, pas une fille, dit Pierre en ouvrant de grands yeux. Tu risquerais de le laisser s’envoler.
– Je te signale que les filles sont aussi capables que les garçons. Et puis, nous, nous faisons tout avec beaucoup plus de soin, rétorque Marie en haussant les épaules.
Madame Pique qui n’a perdu aucun mot de la conversation intervient :
– Ne vous disputez pas. J’ai une très bonne solution. Nous le tiendrons tous les quatre. Il n’y aura ainsi pas de risque qu’il s’envole. Allons, les enfants. Il est l’heure de partir si nous ne voulons pas manquer le début du concours.
Et les voilà en route tous les quatre tenant fièrement à la main leur cerf-volant tout neuf.

Ils se mettent à chanter une chanson pour se donner du courage. Ils aimeraient tellement gagner ce concours… Ils ont beaucoup travaillé mais ils n’ont pas eu le temps de tester leur engin.
Ils marchent pendant un bon moment et arrivent à proximité du champs où se tient le concours quand Marie crie :
– Maman, je me suis fait mal au pied.
Madame Pique s’immobilise, lâche le cerf-volant et vient inspecter le pied de sa fille. A première vue, il n’y a rien.
Essaie de marcher, dit-elle.
Marie lâche le cerf-volant à son tour et avance en boitillant.
-Ca fait vraiment très mal, maman.

Pendant ce temps, Stéphane et Pierre se sont rapprochés de l’aire de départ.
– Bonjour les Pique, dit Monsieur Dard, l’organisateur du concours. Votre maman n’est pas avec vous ?
– Elle arrive, répondent les Pique en choeur. Elle est restée avec Marie qui a mal au pied. Est-ce que le concours commence bientôt ?
– Tout de suite. Préparez-vous et bonne chance …

Pierre s’élance et tout à coup une énorme rafale de vent emporte le cerf-volant dans les airs. Stéphane a juste le temps d’attraper la corde que Pierre a lâchée en tombant sur le sol. Le cerf-volant monte, monte … Il n’est bientôt plus qu’un petit point dans le ciel. Mais où est Stéphane ?

Il est accroché à la corde et se balance au gré du vent. Il regarde vers le sol et se sent pris de vertige. Comme le monde est petit vu d’en haut. Stéphane s’agrippe à la corde. Il ne pouvait pas imaginer voler un jour. Mais que va-t-il arriver ?

Au bout de quelques minutes, le cerf-volant perd de l’altitude et Stéphane commence à apercevoir les autres concurrents, son frère, sa soeur et sa mère. Il s’approche de plus en plus du sol. Il prépare sa chute et au moment où il va atteindre le sol, un grand coup de vent l’emporte à nouveau dans les airs.

 

Cette fois, il s’éloigne. Il vole au-dessus de la forêt et arrive à proximité d’un étang. Il se sent bien seul et a un peu peur. Si seulement il savait où se trouve sa maison. De grosses larmes roulent sur ses joues. Il est très malheureux. Soudain, il aperçoit de l’autre côté de l’eau son père en train de pêcher. Et, comme le hasard fait toujours bien les choses, c’est juste à ce moment que le vent faiblit. Le cerf-volant descend et se pose doucement dans la prairie au bord de l’étang. Stéphane ne se sent plus de joie et court rejoindre son père.

 

Monsieur Pique s’était endormi et des grenouilles malicieuses en avaient profité pour lui accrocher une de ses bottes au bout de son hameçon.
– Papa, réveille-toi. C’est moi, Stéphane.
Le Père Pique ouvre les yeux et est bien étonné de voir son fils près de lui.
– Je me suis envolé avec le cerf-volant et j’ai eu très peur. Oh ! que je suis content de te retrouver mon petit papa. Nous ne gagnerons pas le concours mais quel beau voyage. Voler c’est extraordinaire. Dis, tu as déjà volé, toi ?

 

Monsieur Pique range son matériel de pêche et rentre à la maison avec son fils. Vite, il faut prévenir Madame Pique qui doit être bien inquiète.
Qu’importe le résultat du concours ! Ce qui compte, avant tout, c’est la famille. Que tous soient réunis et en bonne santé.
Stéphane aura une belle histoire à raconter. Il aura vécu une aventure extraordinaire mais jamais il ne dira à personne qu’il a eu très peur.
Car c’est ça être une hérisson !
Et puis, c’est tellement fabuleux de voler comme les oiseaux…